Joseph est "le seul saint à représenter Dieu le Père"

Jean-Jacques Olier, très fin spirituel, développe d’abord une intuition capitale, celle du lien entre saint Joseph et le Père éternel : « L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer sensiblement les perfections adorables de Dieu le Père. » Joseph reflète ainsi les attributs du Père : « Dans sa seule personne, il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. » Plus que cela : il serait le seul parmi tous les saints à « représenter » le Père, alors que tous les autres représentent Jésus (!) : « Un seul saint est destiné à représenter Dieu le Père tandis qu’il faut une infinité de créatures, une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ; car toute l’Église ne travaille qu’à manifester au-dehors les vertus et les perfections de son chef adorable mais le seul saint Joseph représente le Père éternel. Aussi faut-il considérer l’auguste saint Joseph comme la chose du monde la plus grande, la plus élevée et la plus incompréhensible. Le Père s’étant choisi ce saint pour en faire sur la Terre son image, il lui donne avec une ressemblance de sa nature invisible et cachée et, à mon sens, ce saint est hors d’état d’être compris des esprits des hommes. L’excellence de ce grand homme est incomparable.»

Les idées clés de ce passage capital faisant entrevoir pourquoi le mystère de Joseph semble « hors d’état d’être compris des esprits des hommes » sont reprises dans d’autres textes du même auteur :

  • Sur la grandeur très particulière de Joseph lié à Dieu le Père, il dit : « Si Dieu le Père a pris ce saint pour être l’idée et le caractère de ses perfections; s’il a rendu visible en lui ce qui était caché en son essence de toute éternité, s’il l’a choisi pour en faire l’image de sa sainteté, quelle idée doit-on se former de saint Joseph ? »
  • Sur ses attributs qui dérivent de ceux du Père éternel : « Dieu lui donne avec abondance son esprit de Père; il exprime sensiblement en lui toutes ses perfections divines, sa sagesse, sa prudence, son amour, sa miséricorde; il en fait le caractère de toutes ses beautés. »
  • Sur sa particularité unique et singulière : « Si saint Joseph est à ce point incomparable, c’est qu’il est, et lui seul, l’image de Dieu le Père sur la Terre, pour être l’idée et l’image de ses perfections adorables et divines. »
  • Sur son caractère invisible, incompréhensible et caché, à l’image de notre Père céleste : « Comme Dieu le Père est invisible en sa personne, et même incompréhensible dans son être et dans ses productions, de là vient que, s’étant choisi ce saint pour qu’il fut son image en Terre, il l’a rendu comme invisible et caché à nos esprits et, à mon sens, hors d’état d’être compris par les hommes. »
  • Sur la manière dont l’Enfant Jésus regardait Joseph : « Le Fils de Dieu s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de saint Joseph, par lequel le Père se rendait visible à Lui... Jésus regardait en Joseph le Père éternel, son Père; de son côté la Très Sainte Vierge considérait, en la personne de Joseph, le même Père Éternel comme son époux... Aussi devons-nous aimer avec tendresse Dieu le Père en saint Joseph. »
  • Sur la puissance de Joseph : « Parce qu’en Dieu le Père, saint Joseph est source de tout bien et de toute miséricorde, on dit de ce saint qu’on ne lui demande rien qu’on ne l’obtienne. »

Un autre auteur du XVIIe siècle, Guillaume Gibieuf (1585-1650), vicaire général des oratoriens, avait dit peu avant lui : « Il n'est personne qui puisse exprimer, ni d’entendement qui puisse comprendre l’immensité et la plénitude de grâce à laquelle Joseph est parvenu. »

Ce rapprochement entre la paternité de Joseph et la paternité de la première personne de la Sainte Trinité, le chanoine Daniel Joseph Lallement (1894-1977) y discernera « l’aspect le plus profond du mystère de Joseph ». « La paternité de saint Joseph est divine par son terme parce que s’exerçant à l’égard d’une Personne divine, le Fils. Cela donne à Joseph une étonnante ressemblance avec la première Personne de la Sainte Trinité, ressemblance qui paraît bien être l’aspect le plus profond du mystère de Joseph. »