Modèle de pauvreté, de chasteté et d’obéissance

Joseph est un modèle de pauvreté, de chasteté, d’obéissance et de fidélité, en opposition aux fausses valeurs du monde.

Modèle de pauvreté : car la véritable richesse est en Dieu, et non dans les biens matériels inutiles et éphémères.

Riche de Dieu, Joseph l’était assurément, comme nous venons de le voir, mais cela n’était possible que parce qu’il avait l’amour de la pauvreté évangélique, qui n’est pas la misère qui aliène, mais la simplicité qui libère. C’est ainsi que le décrit saint Bonaventure (1221-1274), grand docteur franciscain, dans l'un de ses sermons pour la vigile de Noël : « Pourquoi pour Marie s’unir à un humble "rustique" comme Joseph ? Bien qu’il fût de race royale, il vivait du travail de ses mains. Il était charpentier. Mais cela advint pour quatre raisons : pour l’honneur de l’intégrité de Marie, pour l’aide opportune et la consolation qu’il apporterait à la Vierge, pour le service familier qu’il rendrait à l’Enfant-Dieu et enfin, à cause de la pauvreté évangélique », cette pauvreté que Joseph chérissait avant l’heure, comme tous les bienheureux !

Modèle de chasteté : car le véritable amour est don et oubli de soi, au contraire de l’égoïsme qui est accaparement et repli sur soi.

Le véritable amour conduit à rechercher le vrai bien de l’autre. C’est exactement le mouvement qui anima saint Joseph quand il eut le bonheur de se voir confier la Très Sainte Vierge Marie. Il répondit à son vœu de virginité en poussant la chasteté jusqu’à rester vierge lui-même, comme l’indiquent tous les saints.

C’est ainsi que saint Jérôme (347-420) répond à l’hérétique Helvidius : « Tu dis que Marie n’est pas restée vierge; et moi je prétends davantage, à savoir que Joseph lui-même fut vierge à cause de Marie, afin que celui qui devait être vierge par excellence naquit d’un mariage de vierges. »

Saint Pierre Damien (1007-1072) dit de même : « Ignorez-vous, que le Fils de Dieu a une telle estime de la pureté du corps, que la chasteté conjugale n’a pas suffi à ses yeux, mais qu’il a voulu s’incarner dans le sein d’une vierge ? Ce n’était pas assez encore : non seulement sa mère fut vierge, mais encore, telle est la foi de l’église, celui qui fut regardé comme son père était vierge également. »

La Sainte Vierge elle-même l’a confirmé à sainte Brigitte de Suède (1300-1373) : « Tiens pour très certain que Joseph, avant de m’épouser, avait su de l’Esprit Saint que j’avais consacré à Dieu ma virginité et que j’étais immaculée dans mes pensées, dans mes paroles et dans mes actions. Aussi m’épousa-t-il dans le dessein unique de me servir et de me traiter comme sa souveraine, non comme son épouse. »

Saint François de Sales (1567-1622) également : « En quel degré pensons-nous que saint Joseph eut la virginité ? Si la Très Sainte Vierge ne fut pas seulement vierge toute pure et toute blanche, mais si elle était la virginité même, combien pensons-nous que celui qui fut commis de la part de Dieu pour gardien de sa virginité, ou pour mieux dire, pour compagnon, puisqu’elle n’avait besoin d’être gardée, combien dis-je, devait-il être grand en cette vertu ! »

Et le Cœur très chaste de saint Joseph s’est nourri de la pureté immaculée de Marie et de la divinité du Christ pendant tant d’années, qu’il en a été conduit à une perfection indépassable.

Modèle d’obéissance et de fidélité : car la véritable royauté est dans le service, et non dans l’orgueil et la domination, et elle s’inscrit dans le temps de Dieu, qui se révèle dans la durée.

Joseph, en véritable roi, était au service de ceux qui lui étaient confiés; entièrement tourné vers eux et non vers lui-même et son intérêt personnel. Il exerçait ce service dans l’obéissance et l’humilité les plus parfaites, en réponse au Dieu éternel qui lui avait confié cette mission.

L’obéissance de Marie et celle de Jésus n’en étaient pas moins admirables, et elles ont évidemment enrichi aussi Joseph et rayonné sur son âme.

Comme le note le jésuite Albert Bessière (1877-1953) : « Joseph est le chef incontesté. L’ordre de préséance, toujours respecté, est à l’inverse de l’ordre d’excellence. Ainsi est affirmé le principe hors duquel toutes les sociétés sombrent dans l’anarchie : l’autorité se fonde sur un mandat divin, non sur une supériorité de force ou de talent perpétuellement remise en question par les hommes ou les évènements. (...) car le pouvoir est un service, une charge plus qu’un honneur. L’humilité est donc nécessaire encore plus au maître qu’au sujet. »